II.1. Des Créateurs De Mondes

Aujourd'hui, les supports de fiction sont de plus en plus nombreux et en disent beaucoup sur notre avenir. Et ils tissent des liens entre individus à travers le globe, donnant même naissance à un langage intuitif, les « mèmes » qui sont souvent sous-tendus par l'anglais, qui dérobe la place à ce que l'esperanto a toujours voulu être. Si la communication d'esprit à esprit devient effective un jour, ces « mèmes » partagés télépathiquement entre transhumains seront portés à un tout autre niveau. Maintenant, prenons compte de ceci : nos cerveaux ont générés pendant des millénaires des histoires à vivre par procuration : des contes oraux puis des livres qui sont devenus avec le temps des BDs, films, séries... Aujourd'hui, je pense que la forme la plus immersive de média-fiction est le jeux-vidéos, sans parler de l'arrivée des casques de réalité virtuelle, qui je pense symbolisent le premier pas vers une reconstitution cybernetique du processus d'incarnation.

Et il se trouve que pour ces mêmes « transhumains », une éventualité pourrait bel et bien devenir réel : la capacité consistant à générer tout et n'importe quoi pour les 5 sens usuels avec les technologies adaptés. Je m'explique : saveur, sensualité, émotions... Tout ceci pourrait bien devenir simulé et générable artificiellement, en n'excluant ni ne laissant rien de coté. Absolument rien, je veux dire.

Ainsi la conception de jeux en ligne pourrait ériger les futurs humains en tant que divinités créatrices de mondes, et les jeux solos présenteraient la création de mondes ou le solipsisme philosophique – idée selon laquelle décors et personnages présents autour du soi seraient creux, factice, faisant de l'égo concerné la seule et unique entité effectivement consciente – serait bel et bien vérité. Et l'on pourrait alors imaginer des histoires conçus de toutes pièces, aux paramètres contrôlés, ou l'on pourrait descendre s'incarner depuis la matière dans le domaine du virtuel, puis retour vers la matière de nouveau, ce qui marquerait la désincarnation... Histoires de haine, de gloire, d'amour, de pouvoir, d'amitié, sexuels.... Selon le registre qui vous sied, dramatique, SF, romantique ou historique, fantasy, et même tout cela à la fois, l'imagination serait votre seule frein, petit dieu que vous seriez... La seule véritable différence entre ces mondes serait le sous-jacent, l'un étant sous-tendus par le « code » des lois de la physique, tandis que les autres, virtuels, seraient appuyés par le code des « lois » de l'informatique.

Puis, avec une analyse poussé, si l'on est métaphysicien assez, ces mêmes jeux-vidéos, en particulier ceux de type MMORPG (jeux en ligne), nous mettent la puce à l'oreille en ce qui concerne le monde, non pas quant à ce qu'il est, mais quant à ce qu'il devrait être dans un monde idéal, métaphysique idéal à l'appui. Premièrement, nous devrions avoir le choix sur notre apparence (notre avatar), qui devrait être modelé par les choix de notre âme, choix qui devrait être effectué sur une foulée d'espèces évoluées intelligentes (autrement dit de « classes personnages »), ces derniers choix portés ne devraient pas être définitifs mais bien changeables en cours de route. Peut-être cela changerait-il la façon dont nous considérons ce qui demeure invisible au regard, caché derrière le voile des apparences, cela nous porterais moins sur la forme car toujours éventuellement changeante, faisant de nous des êtres un peu moins superficiels.

Mais, attention, une fois qu'une « science de la conscience » serait établie, afin de peupler ces mondes simulés d'entités sensibles, tandis que ces dernières seraient bel et bien existantes de leurs propres chefs, il serait impératif de ne surtout pas prêter de conscience aux êtres n'expérimentant pas une expérience constructive et plaisante, un solipsisme éthique devant être de rigueur car il ne devrait pas être possible de générer des observateurs conscients dans le seul but de satisfaire nos besoins et fantaisies... Si conscience vous détenez...